Tous les changements en architecture et dans la construction sont portés par les problématiques de développement durable. Au niveau des matériaux, des techniques de construction, de l’intégration de la high tech : cette même dynamique se décline de différentes manières.
On recherche de plus en plus des matériaux biosourcés, c’est-à-dire ayant une origine végétale ou animale et pouvant être sourcés. Par exemple, la paille, le bois, la laine de mouton, le chanvre, la ouate de cellulose… On emploie ces matériaux à la place des isolants traditionnels, en revêtements ou encore en structure. Ce sont des solutions que l’on commence à tester véritablement.
La tendance au recyclage est un autre changement majeur. Selon l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), les bâtiments sont les premiers producteurs de déchets. Au-delà de ce que réemploient les industriels, on essaie de trouver un nouvel usage aux produits récupérés : les fenêtres peuvent permettre de créer des cloisons, on exploite aussi les portes, et radiateurs, sont réemployées ou exploitées de façon détournée ou dans leur fonction premières…
On redécouvre des méthodes archaïques, le pisé par exemple – de la terre crue que l’on dame. C’est l’ancêtre du béton armé. A Nanterre, une crèche a ainsi été construite récemment en terre battue. Dans le cadre du Grand Paris, on réfléchit à des projets permettant de construire en utilisant la terre locale. Globalement, on constate chez les architectes un nouveau goût pour la matérialité, après des années à utiliser des panneaux de façades. On revient à des solutions pérennes, qui offrent davantage de profondeur, de patine. Outre la terre, la pierre est de nouveau envisagée car il s’agit d’une ressource disponible abondamment. Le bois est fréquemment intégré - même si son usure en extérieur a un peu découragé les maîtres d’ouvrage ces dernières années. La brique et la paille sont également exploitées. Les mélanges de matériaux plaisent de plus en plus. Seule limite : une évolution réglementaire doit avoir lieu pour accorder les DTU (Documents Techniques Unifiés) à ces matériaux anciens. Le paradoxe est qu’ils ont fait leurs preuves dans le passé !
On a commencé par verdir les toitures au début des années 2000, avec des substrats de terre pas très épais. Désormais, l’architecture tend à coexister avec la biodiversité. Un nombre croissant de projets sont pensés pour intégrer des hôtels à insectes, nichoirs pour chauve-souris… On développe aussi des systèmes de potagers pour jardiner dans le bâtiment. A Saint-Denis, un immeuble de bureaux accueille ainsi un grand balcon au dernier étage pour permettre aux salariés de faire leurs plantations. De plus en plus, on propose des espaces à végétaliser afin que les habitants deviennent des « paysans urbains » et qu’ils réfléchissent à des circuits courts pour l’utilisation des récoltes. On installe aussi des ruches sur les toits pour favoriser la biodiversité et sauvegarder les abeilles.
Il est bien sûr possible de construire des maisons modernes en paille ou bois. Ce n’est pas parce qu’on bâtit en pierre que l’on crée une église baroque ! Les lignes restent contemporaines, souvent avec de larges portées. Ce qui est intéressant est justement l’association de la high tech (panneaux solaires innovants, systèmes de ventilation, domotique) et de matériaux ou modes constructifs traditionnels.