C’est une technique très ancienne. Les japonais, qui en sont à l’origine, brûlaient fort le bois de bardage pour renforcer sa stabilité dimensionnelle grâce à la couche de carbone créée en surface. Ils obtenaient ainsi un effet « peau de crocodile », que l’on pratique encore aujourd’hui en passant une face du bois de façon répétée sous un gros chalumeau. Les planches ressortent noires, avec un effet d’écailles.
Il existe trois sortes de finitions. Avec celle en « peau de crocodile », le bois est brûlé en profondeur et présente donc des écailles. La seconde est le flammé de surface. Là encore, une face de la planche est travaillée au chalumeau mais moins longtemps. Le rendu est alors noir et uniforme. La troisième finition est obtenue par brûlage puis par un brossage mécanique des fibres de bois, pour un rendu lisse et satiné qui fait ressortir les veines du bois.
On travaille beaucoup les résineux. Le sapin du Nord, peu cher, offre de beaux résultats en brûlé-brossé et flammé de surface. Le douglas et le mélèze de Sibérie possèdent une densité supérieure, ils sont donc plus longs à travailler – et de ce fait, plus coûteux. On peut utiliser également les bois de feuillus (bouleau, chêne, acacia) : leur densité demande là encore une longue préparation mais les résultats sont magnifiques. L’un des atouts de cette méthode est que l’on peut utiliser tous les types de bois, y compris lorsqu’il y a des nœuds – l’effet sera d’autant plus beau.
Le Shou Sugi Ban est principalement utilisé pour les bardages extérieurs mais on peut aussi l’intégrer à l’intérieur pour son effet très original. Jusqu’à maintenant, on avait le plus souvent recours au procédé de l’autoclave pour renforcer la durabilité des essences de bois, mais de plus en plus de gens refusent cette méthode, très chimique. Le brûlage du bois est naturel, très efficace et donne des effets à la fois originaux et esthétiques. Je travaille même des finitions de bois brûlé avec des poussières de métal, en cuivre par exemple, pour les usages intérieurs.
Après le brûlage, on applique deux couches d’une résine de protection afin d’emprisonner la suie ou la cendre en surface. L’entretien consiste ensuite à faire une retouche en réappliquant cette résine tous les cinq ans. Le bardage conservera sa belle teinte noire, de façon uniforme. Un gros atout puisque tous les bois extérieurs ont tendance à virer au gris avec le temps, et ce, assez rapidement.